Les larmes du bonheur
Qu'elles étaient chaudes, qu'elles étaient belles, en ce soir d'élection de Barack Obama, les larmes du Révérend Jesse Jackson ou celles d'Oprah Winfrey, ou bien encore celles de tous ces inconnus qui avaient pour point commun d'être américains et d'avoir la peau noire !
L'évènement était historique. Des frissons électrisés émanaient de cette foule. Chacun savait qu'il pourrait dire au soir de sa vie : "j'y étais et ça a été le plus beau jour de ma vie"
Ce que les hommes et les femmes afro-américains de 1968 pensaient ne jamais voir de leur vivant, ni même peut-être que cela fut possible un jour, certains ont eu le bon goût de ne pas mourir trop tôt pour le voir se réaliser, le début du rêve : celui où un homme serait jugé, apprécié, élu, sans a priori, uniquement pour ce qu'il est, ce qu'il dit, ce qu'il pense, quelque soit sa couleur de peau.
Plus tard viendra le temps des désillusions et de la déception après tant d'enthousiasme, mais peu importe. Au "I have a dream" utopiste, rêveur, et finalement frustrant, a succédé un "Yes we can" réaliste, solide, déterminé. Seule la nation américaine, dans ce qu'elle a de meilleur, pouvait permettre cela.
Les esprits chagrins commenteront que la population noire a voté à environ 90% pour le candidat Obama et que c'est un comportement communautaire qui fait fi du débat d'idées. L'élection d'un noir à la présidence des U.S.A. a été un combat. Depuis 1786, des hommes ont lutté et sont morts pour cette idéal. L'acquis de cette victoire est justement que plus jamais on ne votera pour un candidat selon sa couleur de peau, parce que ce combat là n'est désormais plus à mener. Place aux idées, place à la fraternité.
7 ans après le 11 septembre, l'Amérique ne subit plus l'Histoire, elle l'invente. Comme Lady Liberty brandissant son flambeau, l'Amérique montre la voie d'une civilisation post-raciale.